Concours d'Eloquence
Perle
10 juillet 2007. Région parisienne. Naissance.
Perle connut bientôt ses premières joies et ses premières peines. Très sensible, elle était dotée d’une créativité remarquable : des heures pouvaient s’écouler tandis qu’elle esquissait toutes sortes de paysages, inventait d'exquises recettes, ou créait des vêtements ravissants.
Un jour, Perle s’en fut vivre seule aux côtés de sa grand-mère. Solitude. Mal-être. Désarroi. On se moquait, on jouait à la rejeter, à lui faire du mal. Livrée à elle-même dans ce monde cruel, elle ne reçut aucune aide de la part de sa grand-mère, qui s’en tint à l’héberger. Perle se coupa peu à peu du monde extérieur, ne trouvant de consolation qu’en exprimant sa créativité. De sa souffrance naissaient de magnifiques poèmes, qui lui permettaient de révéler cette sensibilité qu’elle avait toujours enfouie au plus profond d’elle-même. Lorsque, parfois, elle se retrouvait entourée de nature, il lui semblait que tous ses soucis s’envolaient, qu’elle était enfin libérée de toute préoccupation. Les arbres, les oiseaux et les nuages semblaient la comprendre, comme aucun être humain n’avait été capable de le faire auparavant.
Perle était accommodée au mouvement constant, ainsi qu’à l’absence de silence et d’obscurité qui caractérisent les grandes villes. Ainsi, jamais elle ne songea à un autre mode de vie que celui qu’elle avait toujours connu. La ville était son foyer, le lieu de sa jeunesse qu’elle ne pensait pas quitter.
Pourtant, un beau jour, la jeune fille de 13 ans se trouva face à un nouveau monde. Une petite bâtisse enveloppée de verdure qui semblait avoir perdu son chemin. Baignée de soleil et survolée par des dizaines d’oiseaux, elle apparaissait au centre d’une prairie qui s’étendait jusqu’à l’horizon. On aurait pu la croire tout droit sortie d’un conte merveilleux. Ce fut d’ailleurs la première pensée qui surgit dans l’esprit de Perle. Ce lieu deviendrait le paradis de sa jeunesse, elle le savait. La petite famille, fraîchement arrivée dans le Sud Ouest, était fort intriguée par cette nouvelle existence prometteuse qui se profilait.
Perle prit en effet goût à cette vie qui l’apaisait et se révélait propice à la réflexion. Elle comprit combien la vie au sein des grandes villes était frénétique et source de rapides désillusions. Du mouvement à toute heure, des informations en tous sens, si peu de joie dans les regards. Comment avait-elle pu passer tant de temps prisonnière de cet environnement suffocant ? Elle respirait enfin. Elle vivait enfin.
Depuis toujours, elle se sentait différente. Ainsi, lorsque peu après son arrivée dans le Sud, on posa des mots sur ce qu’elle ressentait, cette altérité par rapport au reste du monde se trouva soudain justifiée. Brusquement, elle comprit. “Pourquoi suis-je si sensible à ce qui ne fait qu’effleurer les autres ? Pourquoi personne ne me comprend ? Pourquoi est-ce que je ne parviens pas à m’exprimer ?” Toutes ces interrogations qui s’étaient toujours bousculées dans sa tête trouvaient finalement un sens. Elle pouvait être elle-même. On lui en octroyait enfin le droit.
Selon Perle, notre notion du temps a évolué depuis le début de l’humanité, comme elle évolue au cours de notre vie. Nous réalisons que le temps ne nous appartient pas, et que nous n’en disposons pas d’autant que nous le pensions.
Perle défendra le sujet “Perdre son temps” lors du concours d’éloquence, estimant que le temps est un concept central dans l’avancement actuel de l’humanité.
DEL PUERTO Judith
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